Cache-cache avec des Images
Deux expositions sur les jeux d'images semblent se répondre en ce moment à Paris: l'une sur ce qu'elles cachent dans leurs propres motifs (Une Image peut en cacher une autre), l'autre axée sur les Controverses de ce qu'elles montrent. Leur point commun est sans doute qu'il faut toujours interroger ce qui se donne à la première vue.
Controverses traite de bien des sujets, et notamment des images truquées, faussement légendées ou attribuées à tort et dont le pouvoir manipulateur est ainsi dénoncé, ou tout au moins mis en évidence: images de propagande certes, mais aussi, côté lumineux de la force, déclencheurs puissants pour l'opinion.
Si Controverses pose également des jalons pour réfléchir à la moralité de l'art, Une Image peut en cacher une Autre montre comment des peintres de toutes époques ont inclus des dessins presque indiscernables dans leurs tableaux: des rochers qui reproduisent les traits d'un homme furieux pour accentuer discrètement l'orage qui gronde dans le paysage, ou appuyer un avertissement divin au spectateur, figures de cauchemars qui hantent une vision de l'Enfer dans un flou insaisissable, par exemple. Mais aussi vision restée longtemps secrète d'un Gauguin qui esquisse son profil entre terre et mer, comme pour signifier au-delà du paysage marin qu'il s'élance lui-même vers le large de l'aventure. D'autres jouent ouvertement sur les ambiguïtés de leur dessin (est-ce un lapin, ou un canard?) pour transmettre un malaise sur la définition de notre univers. Il ne s'agit plus de représenter la réalité comme elle serait sans le peintre, mais de l'investir d'une image mentale, d'un discours personnel dont le spectateur n'est pas forcément conscient.
Des images d'Epinal au surréalisme, en zig-zagant d'un continent à l'autre, l'exposition nous montre comment les peintres s'échappent ainsi des deux dimensions de leur toile.