Dans La Brume Electrique
Le titre de ce film est en soi une énigme: l'électricité c'est sec, pour moi, ça crépite, alors que la brume est une enveloppe humide. Et rejoindre les deux conduit à une électrocution brutale...
Mais dans ce film, tout est affaire de dosage: de l'humour, des crimes odieux, l'amour profond mais un peu résigné d'une épouse, des indices objectifs, des pistes oniriques, le blues très cuivré Nouvelle Orléans, l'amertume d'un policier blessé par la vie, la vie et l'espoir qui pétillent, incarnés par l'enfant, la présence de l'Histoire et d'un passé plus récent, qui pèsent encore sur le quotidien... A quoi on peut ajouter le physique très alourdi de tous ces sudistes, leur accent traînant, les noms français prononcés à l'américaine, les bayous, sans pour autant donner dans le pittoresque. C'est sûrement le visage de Tommy Lee Jones qui incarne le mieux cette maîtrise des détails. Voyez le moment vers la fin où il apprend au téléphone une certaine nouvelle concernant sa fille...
Avec son intrigue très compliquée à la Dashiell Hammett, voire même pas tout à fait bouclée (finalement, il est coupable ou pas, le mafieux producteur de film?), le film s'inscrit dans une tradition de films noirs. Mais en même temps il me semble qu'il s'en décale en s'inscrivant dans l'atmosphère surnaturelle des bayous malsains, même si les crocodiles mythiques semblent en avoir disparu.
J'ai passé un très bon moment, et notamment pour ces épreuves personnelles décrites sur comprenonsnousbien, où l'enquête entraîne le policier.
Tout de même au début, j'ai été un peu surprise par les prises de vue un peu saccadées, au rythme des coups de volant, avec une caméra qui suivait le conducteur au plus près de ses déplacements, quitte à donner un peu le vertige. Ensuite cet effet a disparu; peut-être était-ce pour signaler que la cadence ralentissait au fur et à mesure que l'enquête s'enlisait. D'ailleurs à la fin, je commençais à désespérer qu'on arrive à la solution - et c'est peut-être ma deuxième critique: on s'enfonce un peu trop dans l'impasse avant de rebondir enfin.