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L'escabelle
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2 mai 2009

Dans La Brume Electrique

Le titre de ce film est en soi une énigme: l'électricité c'est sec, pour moi, ça crépite, alors que la brume est une enveloppe humide. Et rejoindre les deux conduit à une électrocution brutale...

Mais dans ce film, tout est affaire de dosage: de l'humour, des crimes odieux, l'amour profond mais un peu résigné d'une épouse, des indices objectifs, des pistes oniriques, le blues très cuivré Nouvelle Orléans, l'amertume d'un policier blessé par la vie, la vie et l'espoir qui pétillent, incarnés par l'enfant, la présence de l'Histoire et d'un passé plus récent, qui pèsent encore sur le quotidien... A quoi on peut ajouter le physique très alourdi de tous ces sudistes, leur accent traînant, les noms français prononcés à l'américaine, les bayous, sans pour autant donner dans le pittoresque. C'est sûrement le visage de Tommy Lee Jones qui incarne le mieux cette maîtrise des détails. Voyez le moment vers la fin où il apprend au téléphone une certaine nouvelle concernant sa fille...

Avec son intrigue très compliquée à la Dashiell Hammett, voire même pas tout à fait bouclée (finalement, il est coupable ou pas, le mafieux producteur de film?), le film s'inscrit dans une tradition de films noirs. Mais en même temps il me semble qu'il s'en décale en s'inscrivant dans l'atmosphère surnaturelle des bayous malsains, même si les crocodiles mythiques semblent en avoir disparu.

J'ai passé un très bon moment, et notamment pour ces épreuves personnelles décrites sur comprenonsnousbien, où l'enquête entraîne le policier.

Tout de même au début, j'ai été un peu surprise par les prises de vue un peu saccadées, au rythme des coups de volant, avec une caméra qui suivait le conducteur au plus près de ses déplacements, quitte à donner un peu le vertige. Ensuite cet effet a disparu; peut-être était-ce pour signaler que la cadence ralentissait au fur et à mesure que l'enquête s'enlisait. D'ailleurs à la fin, je commençais à désespérer qu'on arrive à la solution - et c'est peut-être ma deuxième critique: on s'enfonce un peu trop dans l'impasse avant de rebondir enfin.

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Commentaires
G
Je suis un peu chagriné d'apprendre que les passages mettant en scène l'armée sudiste aient été gommés de la version américaine. <br /> Je suis d'accord avec le fait qu'ils surprennent un peu, mais justement ils obligent à s'interroger. J'y vois l'expression d'une certaine culpabilité, ou du moins interrogation sur les mauvaises causes défendues avec conviction, en miroir de l'oubli de l'enfant témoin de la scène du meurtre de l'esclave.
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V
Oui, bien sûr, mais, par définition, ce n'est pas une référence réaliste et les Confédérés font partie de l'imaginaire du Deep South et, à la surprise parfois de notre pensée politiquement correcte, ils incarnent souvent dans la littérature et le cinéma US(c'est le cas dans le film précisément)une sorte de rigueur morale, un brin aristocratique, face aux Yankees, vulgaires et brutaux...
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V
Ton commentaire m'a trotté dans la tête, Volland, éveillant d'abord une réaction anti-américaniste primaire (Ces Americains, ils n'ont pas envie de s'ouvrir à une autre sensibilité).<br /> Mais à la réflexion, je me souviens qu'en voyant le film, j'avais été étonnée de voir arriver des soldats de la Guerre de Sécession dans les Bayous. L'imaginaire et l'onirique américain sur la Louisiane, tel que je l'ai vu par ex dans Angel Heart, d'Alan Parker (1987),ou les Blues Brothers II, s'appuie souvent sur le vaudou et les rites effrayants des sorciers ou sorcières descendant d'esclaves. Il devait bien y avoir des Confédérés dans les Bayous, mais si on y réfléchit, c'était là aussi que se cachaient les esclaves en fuite, donc peut-être n'était-ce pas une cachette naturelle pour les Blancs qui défendaient l'esclavage.<br /> Non que Tavernier ait "tort", naturellement. Mais d'un point de vue purement commercial, il y a peut-être une piste de ce côté-là.
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V
Oui, les passages fantastiques n'ont pas été jugés accessibles au spectateur américain... Le film a donc été lissé dans ce sens et n'est d'ailleurs sorti aux US qu'en DVD... quelque peu réduit, quoi qu'en dise Tavernier, à un produit de consommation courante...
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V
Ah bon, les passages fantastiques (avec le général, par ex?) ont été gommés de la version US? Effectivement, c'est intéressant: cela me donne envie d'aller me renseigner plus avant. <br /> J'avais bien aimé que le policier partage ce décalage avec l'acteur, ceci dit, tout comme on aime partager une différence avec qq'un qui devient "special" à nos yeux, parce qu'on a cette complicité et en commun, une approche alternative.
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