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L'escabelle
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14 juin 2009

Science et Conscience

Un défi qui se pose régulièrement aux citoyens que nous sommes est de prendre position sur des sujets qui exigent des compétences d'expert. Pour citer en vrac des sujets de société qui ont récemment pu nous interpeller:  est-on pour ou contre la culture des OGM et dans quelles conditions? Faut-il autoriser le clonage, et de quoi? Que penser des expériences sur les cellules souches humaines? Quid de l'euthanasie? Quelles réformes pour la prison, quelles alternatives à l'emprisonnement, ou comment punir et réinsérer ? Comment réagir à l'arrivée des nanotechnologies dans notre quotidien?

L'idée serait de pouvoir participer aux débats de société en citoyens éclairés, voir de peser sur des décisions collectives grâce à une action de groupe (une forme de lobbying, sans les connotations d'intéressement financier corporatiste)

On s'accorde généralement à reconnaître que les bonnes intentions ne suffisent pas, ni même des valeurs partagées, mais on finit souvent par capituler devant la hauteur de la tâche: lire la recherche en la matière, les articles publiés dans les revues internationales étant soumis au crible d'une relecture exigante par les comités de chercheurs, se maintenir informé des réponses et articles contradictoires etc Cette littérature est-elle d'ailleurs abordable pour le profane?

On peut aussi se documenter dans la littérature de vulgarisation, pas forcément fiable ni impartiale, certes, mais que l'on peut suivre et confronter à son analyse critique.

Mais, à supposer que l'on parvienne à des conclusions constructives, innovantes, ou même tout simplement éclairantes, comment se faire entendre?

Le droit de vote suffit-il à garantir une "participation" à la prise de décision?

Une initiative s'inscrit dans le même genre de préoccupation: ne pas se priver de l'avis de l'"honnête homme" du XXIème siècle au profit des seuls experts technologues. Il s'agit de la création de jurys citoyens, constitués en l'occurence dans le cadre des Etats Généraux de la bio-éthique (Le Monde du 12 juin 2009, p3). Pour citer l'article, "apparus en Allemagne et aux Etats Unis dans les années 70, les jurys citoyens sont aujourd'hui utilisés dans le nord de l'Europe: au Danemark, une vingtaine ont été réunis depuis 1987 sur des sujets aussi divers que les OGM, la surveillance électronique ou le péages d'autoroute. Le principe est simple: au terme d'une solide formation et d'un vaste débat public, une quinzaine de citoyens tirés au sort produisent un avis éclairé sur une question difficile. Cette méthode prend le contrepied de la logique des sondages, qui proposent une photographie instantanée mais souvent simpliste de l'opinion publique."

Jean Léonetti (qui a donné son nom à la loi) , président du comité de pilotage des Etats Généraux de la bioéthique explique: "nous voulions faire intervenir les citoyens mais nous ne savions pas sous quelle forme." Noël Mamère a évoqué dans un débat les panels citoyens pratiqués dans les pays scandinaves, et cette idée a été mise en oeuvre.

Il s'agit pour les jurés d'une tâche exigeante: lourde documentation à lire, deux week-ends de formation à écouter des conférences présentant les différentes facettes des problèmes en jeu. Pour finir, les jurés se réunissent en huis clos afin de rédiger un avis argumenté, qui viendra théoriquement nourrir le débat au même titre que d'autres rapports (du Conseil d'Etat ou de la mission parlementaire concernée).

Cette démarche me semble relever de la démocratie en action, une forme de responsabilisation et de mobilisation (que l'on peut retrouver ailleurs, naturellement).

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Commentaires
V
Effectivement sous cette forme, ces sondages par internet seraient très intéressants. En plus l'utilisation d'internet permettrait de toucher bien plus de citoyens que des jurys. Ce serait également moins contraignant pour les gens (que de bloquer certaines dates). Il faudrait que l'idée fasse son chemin...
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B
Mais précisément les sondages délibératifs par internet ce ne serait pas "d'un clic donnez votre avis". Il s'agirait d'organiser des débats qui seraient ponctués par des sondages pour voir l'évolution des positions au cours des débats qui auraient lieu sur des forums par exemple. Il s'agirait en quelque sorte de reproduire à grande échelle et par internet ce qui peut se passer dans un jury citoyens (ou un jury tout court) ou les positions des uns et des autres se forment au cours de la discussion, par l'échange des arguments. Le sondage qu'il soit "d'un clic donnez votre avis" sur internet ou par un sondeur dans la rue présuppose que nos opinions sont déjà formées sur tous les sujets. Le sondage délibératif au contraire présuppose que nos opinions évoluent par l'échange des arguments.
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V
J'aimais bien cette idée de démocratie participative, mais effectivement elle n'a pas rencontrée tellement d'adhésion, même chez des citoyens "ordinaires". Dommage...<br /> Pour les consultations par internet, en revanche, je suis moins intéressée, à cause du côté "d'un clic donnez votre avis", alors qu'il faudrait prendre le temps d ela réflexion!<br /> En revanche, comme observatoire des mouvements d'opinion, (par ex, les analyses disponibles sur les blogs)c'est une mine. Il me semble d'ailleurs que le gouvernement et les partis etc paient des instituts de veille médiatique pour se tenir au courant...
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B
La mise en œuvre des "jurys citoyens" poseraient certes de nombreux problèmes pratiques: mode de désignation (le tirage au sort ?), disponibilité et motivation des citoyens désignés, compétences préalables, méthodologie de travail et de délibération en commun etc. mais le plus gros obstacle ne serait-il pas la résistance de nos élus traditionnels! Il n'est qu'à se rappeler l'accueil qu'avait reçu ce concept de la part des élus socialistes lorsque Ségolène Royal l'avait proposé lors de la campagne présidentielle: "nous l'avons déjà mis en place à travers les conseils de quartier! nous n'avons pas besoin de tribunaux populaires ! c'est de la démagogie ! etc. Réactions d'élus qui témoignaient d'ailleurs que l'idée bouscule les habitudes. <br /> Mais pour aller plus loin en matière de démocratie participative il me semble qu'aujourd'hui on ne peut pas faire l'impasse sur les nouvelles technologie et principalement sur internet qui offre des possibilités techniques illimités d'échange d'informations et d'interactivité. Certains imaginent ainsi la possibilité de sondages délibératifs qui allieraient les avantages du sondage d'opinion qui permet a un grand nombre de personnes d'être consultées et ceux de la délibération en commun au sein d'un groupe qui permet de faire émerger, au terme d'un débat argumenté, un avis "éclairé".<br /> A noter cette émission de France Culture sur la démocratie participative :<br /> http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/chemins/fiche.php?diffusion_id=73065
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V
Tu as raison: déjà commencer par balayer devant sa porte avant de chercher à instruire le reste du monde!<br /> A propos d'écologie, je me faisais d'ailleurs la réflexion que les Américains auraient un peu tendance à tirer la couverture à eux, en tere de débat (après Al Gore et Une vérité qui dérange, Home - même si c'est un Français qui l'a signé, ce sont des Américains qui ont produit, et les gens croient que c'est un film US, ne serait-ce qu'à cause du titre) alors que tout de même, ils ont fait une fameuse résistance à des actions internationales comme signer le protocole de Kyoto, par ex, ou le suivant.<br /> Ceci dit, peut-être de chez nous n'avions-nous pas le détail des guerres que se livraient outre-atlantique, comme on dit.
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