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L'escabelle
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14 août 2009

Retour de mission

Burqa, suite: A mon hotel se trouve une residente qui ne se "montre" qu'en burqa grillagee, et surveillee de pres par un individu ombrageux (sans tomber dans le cliche, c'est vrai!)... Meme effet qu'en France a mes yeux, evidemment, d'autant qu'elle est visiblement genee par le masque, qui l'oblige a exagerer tous ses gestes pour voir ce qu'elle fait. Mais elle evolue ici dans l'indifference et ne semble susciter aucune reaction particuliere quand elle parait.

Difficile bien entendu d'en tirer grand chose, et encore plus de comparer les societes francaise et americaine, dont la formation a suivi des etapes si differentes. L'objectif americain du "melting pot" a plutot abouti a un "salad bowl" tandis que la France reste accrochee a un reve d'integration. Aux USA, nous sommes au royaume du liberalisme et de la liberte "negative" (par absence de contrainte) - tant que la collectivite n'en fait pas les frais.

[Par exemple, bien loin de la revendication "Big is beautiful" des annees 1980-2000, on voit maintenant monter la pression contre l'obesite, avec l'information que cette maladie coute 150 milliards au pays par an, maladies induites incluses (diabete, par exemple), information particulierement efficace en plein debat sur la reforme de la securite sociale.]

Alors qu'en France, nous favorisons plutot la liberte positive, (donner aux citoyens la possibilite d'agir) ce qui peut impliquer une intervention de l'etat, les USA valorisent la capacite de chacun a saisir les occasions pour progresser.

Justement, vient de se faire elire a la cour Supreme le premier juge hispanique, qui se trouve etre une femme de 55 ans, et de plus seulement la 3eme dans l'histoire de la Cour Supreme. Elevee par une veuve dans un HLM du Bronx elle a gravi a la force du poignet tous les echelons de la carriere juridique et judiciaire.

A son sujet Obama a dit:"These core American ideals -- justice, equality, and opportunity -- are the very ideals that have made Judge Sotomayor’s own uniquely American journey possible. They're ideals she's fought for throughout her career, and the ideals the Senate has upheld today in breaking yet another barrier and moving us yet another step closer to a more perfect union."

"Justice, equality and opportunity"  trois ideaux americains fondamentaux, que la France ne renierait sans doute pas, mais qui sont conjugues outre-atlantique sur un mode beaucoup plus individualiste. A chacun de saisir les opportunites que lui offre la societe. Quant au developpement de la discrimination positive, qui revient a contrer la domination d'un individu parce au'il fait partie d'un groupe precis, elle ne fait pas l'unanimite, loin de la.

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Commentaires
G
Je sors de la plage un instant pour me mêler au débat.<br /> Je trouve toutes ces réflexions intéressantes mais il me semble qu'elles pêchent toutes par une généralisation abusive : les américains - les français. <br /> Le point de vue des Français sur le rôle de l'état est aujourd'hui assez contrasté selon la classe sociale à laquelle on appartient, ou même si l'on ne veut pas parler de classe sociale, selon que l'on fait partie d'un secteur d'activité protégé ou compétitif. Il est aussi très différent selon l'idéologie de référence : socialiste-marxiste ou classique. Pour les marxistes, les contraintes qui pèsent sur l'individu sont avant tout des contraintes sociales, qu'il faut lever en effet par le pouvoir d'état. Pour les autres, l'Etat est là pour garantir le respect des règles du jeu de la concurrence, et aussi pour contenir les tensions sociales. Cette dernière acception est sement très proche de la culture américaine que vous évoquez. De même, je suppose que certaines couches sociales américaines (Véranne en parle dans son tout dernier billet) portent un point de vue assez proche de la culture française que vous décrivez. <br /> En ce qui concerne l'intégration des immigrés, je partage le point de vue de Bernard. La voie proposée par notre culture dominante est une voie bien difficile pour eux, à partir du moment où on leur donne pas les moyens de cette intégration, au premier chef un travail. Mais plus généralement c'est vrai que ce modèle est peut-être à infléchir : Pisani notait déjà l'importance des communautés comme moyens de franchir des marches vers l'intégration.<br /> On peut aussi dans la même veine se pose la question du modèle égalitariste français, qui réserve les meilleures places non pas à une élite comme le dit Pâquerette mais à des castes issues de Polytechnique ou de l'ENA, et qui fait qu'un chômeur de plus de 45 ans n'a quasiment aucune chance de trouver un travail.
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V
C'est vrai, Bernard, les modes de redistribution ne sont visiblement pas interchangeables! Je n'y avais pas songé sous cet angle. Merci de cette allusion à la Réforme de la Sécurité Sociale qui m'offre une belle transition au billet d'aujourd'hui.
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B
Intéressant cette remarque selon laquelle les fondations et autres organisations de charité privée sont une façon pour les américains qui ont réussis de rendre à la société ce que la liberté (=les opportunités de la vie) leur a apporté. Mais ce qui fait la particularité de l'américain c'est qu'en aucun cas il n'accepterait de faire ce don en retour à la société par le biais des impots que l'Etat lui demanderait. Aux Etats-Unis la solidarité doit etre volontaire donc libre et non imposé par l'Etat. Un bel exemple en est le débat actuel sur l'introduction d'un système de sécurité sociale public qu'Obama s'efforce de faire passer. La perle des critiques du projet d'Obama est celle de Sarah Palin qui a dit "Mes parents ou mon bébé trisomique devront comparaître devant le tribunal de la mort d'Obama, où des bureaucrates décideront s'ils sont dignes ou non de recevoir des soins." Mais beaucoup de sénateurs, même démocrates et sans être aussi extrémistes, partage néanmoins ces critiques du projet au nom de la défense de la concurrence et de la liberté individuelle face à l'Etat. Et il est plus que probable qu'Obama devra faire marche arrière ... comme Clinton en 1993.
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V
En somme, si je te suis bien, dans un cas on aurait le contraste individu/collectivité (concernant la définition de la liberté), et dans l'autre individu/communauté. La signification du mot "individualisme" change en fonction du terme auquel il est accolé.<br /> Une autre chose qui est frappante, c'est que malgré ce système différent, les Américains qui ont "réussi" se sentent (ou doivent se sentir) reconnaissants à la société pour les opportunités qu'elle leur a apporté, et "rendre" un peu de ce qu'ils ont gagné: d'où les fondations oeuvres de charité etc<br /> A propos des communautés, il est très intéressant de voir aussi qu'elles cherchent à se faire reconnaître en fonction non pas de leur simple existence (ce qui pourrait se justifier!) mais en fonction de leur contribution à la construction de pays. La visite du musée "American Indian History" est très frappante pour cela. <br /> Cela me fait penser à la citation qui est gravée devant le tombeau de Kennedy, tirée de son discours inaugural de 1961, entièrement consacré à la liberté, d'ailleurs, (et notamment au rôle des USA envers le reste du Monde) :<br /> "And so, my fellow Americans: ask not what your country can do for you—ask what you can do for your country."<br /> Noter aussi:<br /> "To those peoples in the huts and villages across the globe struggling to break the bonds of mass misery, we pledge our best efforts to help them help themselves" ...
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B
Il est intéressant de comparer ces trois idéaux fondamentaux des Etats-Unis "Justice, equality, opportunity" cités par Obama, avec les trois termes de notre devise républicaine. La liberté y est conçue comme opportunité pour chacun de choisir parmi les possibles qui s'offre à lui renvoyant ainsi chacun à sa responsabilité individuelle pour la mise en oeuvre de sa liberté. Cette liberté ainsi conçue est un droit de l'individu, un "droit liberté", un "droit de". Par opposition à la liberté chez nous en Europe qui est conçue, comme le dit Véranne, plus comme liberté positive consistant a donner aux citoyens le droit d'agir. Elle nous renvoie à l'Etat qui doit nous donner les moyens de notre liberté. La liberté y est ainsi conçue comme un "droit créance", un "droit à". "Pour que je soit libre l'Etat à le devoir de me donner les moyens de ma liberté" disons-nous chez nous alors que les américains disent "je suis libre à condition que l'Etat et la société en général ne m'empêche pas d'agir comme je le veux". <br /> Alors ! l'américain est-il plus individualiste que l'européen (et le français en particulier)? ... Du point de vue de la conception de la liberté certes, mais du point de vue de l'intégration de l'individu dans la société celle-ci elle se fait sur un mode communautaire aux Etats-Unis où l'on est intégré d'abord dans sa communauté, ethnique, culturelle, religieuse, nationale d'abord, puis dans la nation américaine comme conséquence. Ou plutôt on est intégré dans la nation américaine en tant que membre d'une communauté particulière. L'individu qui arrive aux Etats-Unis n'est pas seul, il se reconnait d'abord comme hispanique, noir, asiatique etc. En France au contraire un individu sera d'autant mieux intégré comme citoyen s'il oublie sa communauté d'origine. On devient citoyen américain tout en se revendiquant d'une communauté particulière alors qu'ici on ne devient vraiment français qu'en oubliant sa communauté d'origine. Ainsi l'intégration à la française est plus individualiste alors que l'intégration à l'américaine est plus communautariste. L'individualime n'est pas toujours là où l'on croit le trouver !
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