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8 novembre 2009

Pierre Soulages

L'exposition de Pierre Soulages à Beaubourg  mobilise aussi bien les sens que l'intellect. Cette peinture très plastique, onctueuse, tactile, donne envie de la toucher, de la goûter, presque, de la humer - les tableaux exhalent effectivement une odeur. On ne peut que dévorer les oeuvres du regard, pour se les approprier de la seule manière autorisée. Ses tableaux font penser aux pierres dressées de 2001, Odyssée de l'espace, murs noirs, énigmatiques, attirants.

P. Soulages a beaucoup travaillé au brou de noix, bientôt mélangé à de la résine pour en améliorer l'adhérence. Au début, l'ocre, le brun clair se révèlent quand le coup de brosse amincit la couche. Mais petit à petit, le peintre ne travaille plus que le noir, étudiant par exemple l'effet des stries dans sa texture, des surfaces lissées très mat accotées à des pans brillants, la rupture dans la continuité d'une surface.

"Mon instrument n'était plus le noir, écrit-il en 2005, mais cette lumière secrète venue du noir, d'autant plus intense dans ses effets qu'elle émane de la plus grande absence de lumière". Il invente le terme "outrenoir" , "noir qui cessant de l'être , devient émetteur de clarté", "un autre champ mental que celui du simple noir".

Il ne cherche pas à re-créer le monde, ou sa vision intérieure, mais observe, étudie, expérimente.

"Je crois que je fais de la peinture pour que celui qui la regarde - moi comme n'importe quel autre - puisse se trouver, face à elle, seul avec lui-même" (2007)

Petit à petit Soulages utilise de la pâte acrylique, qui permet de travailler sur de grandes épaisseurs. Des projecteurs sont disposés afin que la lumière éclabousse les tableaux en produisant des effets changeants suivant l'angle où on les regarde.

"La lumière venant de la toile vers le regardeur crée un espace devant la toile et le regardeur se trouve dans cet espace: il y a instantanéité de la vision pour chaque point de vue. (...) La toile est présente dans l'instant où elle est vue, elle n'est pas à distance dans le temps."

Mais les mots peinent à transmettre la sensation de ce noir, tout comme les reproductions, qui mettent tout à plat.

Qu'apporte cette peinture, pourrait-on se demander? Elle ne donne pas de sens, elle n'explique rien, ne représente pas davantage. Mais elle fascine, crée une tension sensorielle sans jamais l'assouvir, toujours à distance, présente tout en s'effaçant quand nous nous absorbons en elle.

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