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4 avril 2010

Négationnisme, climatologie, censure

La communauté scientifique s'émeut des contre-vérités sur le réchauffement climatique hautement médiatisées par Claude Allègre (l'Imposture Climatique, 2010). Il n'est pas le seul: les médias font la part belle à nombre de déclarations mensongères et faussement scientiques, c'est-à-dire publiées sans passage par un comité de lecture et peer review.Une pétition de 400 scientifiques vient d'être adressée à Valérie Pécresse, l'Académie des Sciences et d'autres organismes de recherche pour qu'ils réagissent officiellement.

Cette information est relayée dans la presse écrite et nombre de sites, comme notre-planète.Info, qui reprend tous les éléments. Claude Allègre avance des données erronées, parfois délibérement falsifiées - et il le reconnaît avec son sens de la provocation habituel.

Voilà qui relance le débat sur les moyens de lurtter contre le négationnisme, quel qu'il soit. Quelles armes trouver contre les leaders d'opinion de mauvaise foi, sans pour autant tuer la liberté d'expression? La puissance des média est sans doute à exploiter, puisqu'elle est au coeur du succès des bateleurs populistes. Mais faudra-t-il rivaliser dans le bruit?

Il y a quelque temps, une enquête du Guardian relayée par Le Monde signalait que même si 95% des publications scientifiques s'accordaient à reconnaître le réchauffement climatique, 50% des articles de journaux (d'un panel précis) laissaient la parole à la thèse inverse. Faudrait-il respecter une proportion plus raisonnable? Mais quelle est la fonction et l'intérêt des journaux? Transmettre l'information exacte, lancer des débats et laisser la part belle aux provocateurs? Vendre à tout prix en prenant les vérités communément admises à contre-pied? Quelle éthique pour quels média?

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Commentaires
V
Tu résumes bien le dilemme, et j'apprécie beaucoup ta conclusion sur la recherche de la vérité, sans se prendre pour une élite.<br /> La semaine dernière Le Monde a présenté un dossier sur les lobbys climatosceptiques et autres think tanks financés par les industries d'énergie fossile. Cette guerre au niveau de la Communication est assez effrayante, j'avoue que je me sens dépassée... (et pourtant, il faut voter!)
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P
Il y a beaucoup de questions dans ton billet, Véranne : l'éthique journalistique, le débat sur le réchauffement climatique, liberté d'expression et manipulation...<br /> En ce qui concerne le réchauffement climatique, même en m'informant (et les journées ne faisant que 24 h, difficile de s'informer efficacement sur TOUT !), je me sens impuissante à démêler le vrai du faux. Tant que le réchauffement climatique dont on nous parle tant a pour effet de nous préparer à affronter des changements d'énergies (inévitables de toute façon, les énergies fossiles diminuant), de préserver la biodiversité et de réfléchir sur le sauvegarde de la planète et par là-même des humains, c'est une bonne chose; je suis prête à des sacrifices même si les scientifiques ne sont pas tout à fait d'accord. Si j'ai bien compris, Allègre ne nie pas le réchauffement climatique, mais il n'est pas d'accord sur le fait que ce soit l'intervention humaine qui en soit responsable.<br /> Pour moi qui n'y connaît rien, c'est un peu bonnet blanc et blanc bonnet : il est suffisamment évident que la planète se porte mal pour que des mesures efficaces soient prises au niveau international. <br /> Sinon, l'éthique journalistique... Une info insuffisamment vérifiée en remplace une autre, emballements médiatiques où journaux et sites Internet se relaient les uns les autres, rumeurs confondues avec information : avec au milieu quelques uns qui rament pour apporter des réfexions et des moyens de hausser le débat...<br /> Notre société d'information fonctionne par strates, elle est conçue et reçue de façon différente en fonction du "cerveau disponible" (sic). A la limite, quand on essaie le plus de s'informer on perd un temps fou à éliminer des souces d'information non fiables plutôt qu'en trouver des valables. On finit par avoir ses propres réseaux d'information, tant bien que mal, et se trouver démuni face à beaucoup de polémiques enflées par le Net. J'aimerais, déjà, que les journalistes gardent à l'esprit la vieille éthique de la presse : vérification des sources, liberté d'expression, souci de vérité... Et réfléchissent sur un problème soulevé aujourd'hui plus que jamais par la pléthore médiatique : la presse doit-elle éduquer, tirer vers le haut son lecteur ou faire simplement de l'argent ? Et si elle éduque, dans quel sens ?<br /> Dans la vie quotidienne, j'essaie d'avoir un grand scepticisme "de principe" contre la pensée unique. C'est une attitude qui dérive vite à ne penser rien du tout à force de douter tout le temps, mais qui oblige aussi à s'informer autant que possible et à ne pas hurler avec les loups.<br /> Mais quand tu parles de "moyen de pression", Véranne, je sèche. Pas de censure, expression libre pouvant être néfaste...On voit bien qu'il n'y a pas de place au milieu. A part celle d'individus, soit en groupe, soit isolés, qui cherchent inlassablement à rétablir la vérité quand elle semble malmenée. Avec un risque à garder à l'esprit, qui est celui de se penser une élite intellectuelle.
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V
Si le terme de négationnisme est exclusivement réservé à la Shoah, il est effectivement excessif.<br /> J'ai fait le rapprochement à cause d'une similitude dans un comportement de mauvaise foi (défendre une thèse en publiant des études dont on modifie les résultats), et aussi dans le fait qu'une communauté fait appel à l'arbitrage, ou le soutien d'un groupe institutionnel.<br /> Dans le cas de la Shoah, il s'agit du législateur (avec tout le souci que cela implique: est-ce au législateur de dire la loi?) Dans le cas du réchauffement climatique, c'est à une communauté scientifique ayant pignon sur rue qu'il est fait appel. Il s'agit donc d'une mobilisation de chercheurs, et surtout pas de l'édiction d'une loi.<br /> Je trouve très intéressant qu'en tout cas, certains luttent pour que des affirmations bidonnées (Allègre le reconnaît lui-même) n'aient pas le même poids médiatique que les résultats d'une recherche scientifique rigoureuse. En effet, l'opinion publique a un rôle important à jouer (les électeurs votent ou non "vert", ils poussent ou non vers des mesures écologiques, consomment en étant conscient de la planète ou non etc).<br /> Je me souviens d'un débat dans un club où certains recommandaient une expression parfaitement libre, à charge ensuite pour les citoyens d'effectuer les recherches leur permettant d'en avoir le coeur net et de ne pas se laisser berner. Mais cette position me semble naïve (c'est comme le renard libre dans le poulailler libre...)<br /> La censure n'étant pas envisageable, il faut bien trouver d'autres moyens de pression. C'est cette démarche qui m'intéresse.
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B
Allègre assimilé au négationnistes de la Shoah ! N'est-ce pas aller un peu loin ? Les négationnistes de la Shoah nient un fait historique qui a eu lieu et qui est attesté par de nombreux témoins. Allègre quant à lui conteste la validité d'études scientifiques et donc les prévisions qui en découlent ainsi que l'interprétation de certaines observations ... La différence est donc énorme! On peut certes s'interroger sur les réelles motivations de Claude Allègre qui pourraient dès lors l'entrainer a interpréter dans son sens certaines études. Mais on peut aussi s'interroger sur les "erreurs" commises par le GIEC qui, ayant été dénoncées, on entrainées la démission de son président ? On peut aussi s'interroger sur le fait que 400 chercheurs français demandent en quelque sorte au gouvernement de trancher un débat scientifique ? Voudrait t-on instaurer une vérité scientifique officielle ! Quelles sont aussi les motivations réelles de ces scientifiques ? N'ont pas eu pour la plupart des démêlées politiques avec le ministre Allègre à une époque ?<br /> Ou est le politiquement correct dans cette affaire de climat ? Il ne me semble pas être, en tout cas, du coté d'Allègre et des climato-sceptiques pour l'instant mais bien du coté des pouvoirs publics, des médias, des partisans du "sauvez la planète" et du principe de précaution. <br /> Difficile de prendre position sur un sujet comme celui-là lorsque l'on n'est pas scientifique ... et encore plus difficile lorsque la controverse scientifique vient de quelqu'un qui se caractérise par son arrogance vis à vis de ceux qui ne partagent pas ses idées. Mais je reproduirais ici quelques extraits d'un article de Henri Atlan, un scientifique moins médiatique mais qui, me semble t-il, pose de bonnes questions qui rejoignent les préoccupations dont je me faisais l'écho dans un post sur mon blog http://bernard.blog.lemonde.fr/2009/12/22/souci-de-la-planete-ou-souci-des-autres/<br /> L'article s'intitule "La religion de la catastrophe" Article paru dans Le Monde du 28/03/2010. La thèse en est que "L'application abusive du principe de précaution fausse les données qui indiquent un réchauffement de la planète"<br /> "... ce n'est pas parce que le FN s'empare d'un problème que le problème n'existe pas. Heureusement Claude Allègre et d'autres ont commencé à tirer la sonnette d'alarme. Je veux m'intéresser ici à la question des modèles. Il y a un problème de crédibilité des modèles de changements climatiques et des prédictions qui en sont déduites. Ces modèles concernent en effet un domaine - le climat - où le nombre de données disponibles est petit par rapport au nombre de variables qui sont prises en compte dans leur construction, sans parler des variables encore inconnues.<br /> Cela implique qu'il existe un grand nombre de bons modèles, capables de rendre compte des observations disponibles, alors même qu'ils reposent sur des hypothèses explicatives différentes et conduisent aussi à des prédictions différentes, voire opposées. Il s'agit là d'une situation dite " des modèles par les observations ", cas particulier de " sous-détermination des théories par les faits ", bien connue des chercheurs engagés dans la construction de modèles de systèmes complexes naturels, où le nombre de données ne peut pas être multiplié à l'envie par des expérimentations répétées et reproductibles. Conséquence : les modèles sur les changements climatiques ne peuvent être que des hypothèses, mises en formes informatiques très sophistiquées mais pleines d'incertitudes quant à leur relation à la réalité ; et il en va de même des prédictions qui en sont déduites.<br /> Le rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) ne fait pas exception et certaines de ces incertitudes y sont d'ailleurs mentionnées. Mais comme le rapport complet est supposé difficile à lire et à comprendre pour le grand public et les décideurs politiques, il est complété par un document plus bref de recommandations aux gouvernants. Et là, plus d'incertitude, sinon à l'intérieur d'une fourchette de quelques degrés prédisant l'augmentation de température moyenne de la terre à court et à moyen terme. Le résultat est la croyance aveugle en la valeur de vérité du modèle établi par les scientifiques experts du climat et le caractère inéluctable des prédictions plus ou moins apocalyptiques.<br /> Cette croyance, reprise et amplifiée par des oeuvres et des discours à grand retentissement médiatique, a pris la forme dans une grande partie de l'opinion publique mondiale d'un dogme et d'une religion du " sauvez la planète ", alors que celle-ci, qui en a vu bien d'autres, n'est pas en danger. Certes des glaces polaires fondent, certes des glaciers reculent après avoir avancé, certes des terres basses et des îles risquent d'être submergées dans un proche avenir, tandis que c'est un certain refroidissement qui menace peut-être d'autres régions du globe. Réunir ces données dans un modèle global est plus que risqué car rien n'est moins sûr que l'efficacité des mesures préconisées pour " sauver la planète ".<br /> Des changements du même ordre se sont produits dans le passé. L'importance des activités humaines dans les changements observés depuis quelques décennies est l'une de ces incertitudes qui dépendent du modèle adopté. Même si la température moyenne augmente dans les décennies à venir, si tant est qu'il s'agit là d'une variable pertinente, il est loin d'être certain que la réduction de production de CO2 soit une mesure efficace pour prévenir ce réchauffement global éventuel. ... <br /> Il faut reconnaître que l'expertise scientifique en situation d'incertitude est difficile. Peu d'experts ont le courage d'annoncer qu'ils ne peuvent pas répondre à la demande même en probabilité. La tentation est le plus souvent de donner quand même une réponse, soit pour rassurer, soit pour mettre en garde. Le sang contaminé a été un tournant. La tendance à rassurer qui semblait dominer auparavant s'est renversée en même temps que le fameux principe de précaution s'imposait de plus en plus.<br /> Aujourd'hui, les experts préfèrent de loin être prophètes de malheur ; comme l'avait bien compris le prophète Jérémie, on risque moins à annoncer une catastrophe qu'une bonne chose car en cas d'erreur on pourra toujours arguer de ce que la catastrophe a été évitée grâce à ceux qui l'avaient annoncée. Le principe de précaution étant passé par là, émettre des doutes sur la catastrophe annoncée est déjà dangereux pour les experts de qui on attend certitudes et recommandations fermes.<br /> Dans le cas présent, le GIEC a été constitué avec une mission bien précise, très orientée dès le départ vers ce qui devait être la conclusion de son rapport. Il s'agissait d'évaluer de façon claire et objective " les informations d'origines scientifique, technique et socio-économique nécessaires pour mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d'origine humaine " pour ensuite en apprécier les conséquences possibles et envisager des mesures d'adaptation et d'atténuation. C'est dire que les risques en question et leur origine humaine sont d'emblée supposés être là et il ne s'agit pour le groupe d'experts que d'en apprécier les " fondements scientifiques " et d'en déduire des recommandations. On les voit mal dans ces conditions émettre des doutes sur la réalité même de ces risques ainsi définis. Cela aurait constitué, pour le coup, un risque certain d'être déconsidérés et de perdre toute crédibilité aux yeux des instances politiques qui leur demandaient leur avis.<br /> ... L'épuisement à terme des ressources en énergies non-renouvelables est un problème en soi, qui ne met pas en danger la planète, mais qui doit être géré de façon raisonnable, sans culpabiliser leurs usagers, tout en préparant la transition, qui prendra encore quelques dizaines d'années au moins, vers le développement des énergies renouvelables.<br /> ... Plutôt que " sauver la planète " sauver les populations dénutries et sans eau potable. Gérer raisonnablement la transition énergétique en permettant aux pays émergents et pauvres d'utiliser les énergies fossiles pour leur permettre de rattraper leurs retards ...<br /> La religion écologique du " sauver la planète " risque de nous emporter dans des débordements idéologiques, non sans danger de totalitarisme ...<br /> Même si les catastrophes annoncées ne sont pas certaines, nous dit-on, nous ne risquons rien à appliquer les mesures préconisées, au nom du principe de précaution. Mais c'est faux. Le développement des populations pauvres, et l'économie des sociétés de consommation à laquelle ces populations rêvent de parvenir sont en fait mis en danger par certaines de ces mesures. Le bon sens l'a emporté à Copenhague. Les applications du principe de précaution comportent toujours des risques, aussi difficiles à évaluer que ceux qu'il est censé prévenir. C'est pourquoi, en tant que principe général d'action, il se détruit lui-même." <br /> Alors ... qui croire ? De quel politiquement correct faut-il se méfier ?<br /> Bernard
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