Les mots pour le dire, les mots pour agir, remarques libres.
Depuis quelque temps, des déclarations et pétitions contestent les propos d'Allègre, fondés sur des résultats volontairement faussés et des critiques infondées qui biaisent la réflexion et instillent un doute pernicieux: les industriels par exemple reviennent sur leurs coûteuses résolutions de limiter les gaz à effet de serre (puisqu'en fait ceux-ci ne seraient pas responsables des changements de climat). Tout récemment, dans Pourquoi tant de haine? Elisabeth Roudinesco attaque Michel Onfray pour son portrait-charge de Freud (Le Crépuscule d'une Idole), et dénonce à la fois son populisme, et une crise des savoirs qui nourrit grassement les provocateurs l'entretenant en retour. Il faut rétablir les faits, proteste-t-elle vigoureusement.
Les polémiques s'enflent à la mesure de la tribune ou de la chambre d'écho. Pas question de limiter la liberté d'expression au nom d'un respect de la bonne foi, ou des connaissances scientifiques éprouvées: n'importe qui doit pouvoir tout affimer. Si seulement 10% des articles scientifiques nient l'effet des gaz à effet de serre, ce point de vue occupe 50% des articles de presse a mesuré The Guardian dans une sélection de journaux. Alors il faut employer les mêmes armes, les mêmes porte-voix que les bateleurs qui vivent de leurs coups de théâtre.
Au sujet de la liberté d'expression, la critique d'un ouvrage de Marcela Iacub (rédigée par Jean-Louis Jeannelle) a attiré mon attention dans "Le Monde" du 14 mai. De la pornographie en Amérique interroge les limites de la liberté d'expression dans les sociétés démocratiques, en prenant l'exemple de la pédopornographie: même les plus fervents défenseurs de la liberté d'expression conviennent qu'il faut censurer certaines images et discours, ce qui a donné lieu à un "arsenal répressif". Or elle estime que c'est traiter ces représentations comme des manifestations directes, quasiment des actes. D'une certaine manière, à force de reconnaître que "dire, c'est faire" (au moins symboliquement), on finit par restreindre la liberté d'expression.
J'ai trouvé l'idée intéressante... Penser s'accomplit par le verbe, penser, c'est souvent dire, et si dire, c'est agir, c'est à la liberté d'opinion qu'on risque de s'attaquer.
Quelle leçon en tirer.. je ne sais pas encore, mais.. j'y travaille!