Exposition Chagall, musée du Luxembourg.
Le musée du Luxembourg propose jusqu’au 21 juillet une exposition de peintures de Chagall, « entre guerre et paix ». Je ne connaissais que peu de choses de Chagall, surtout des œuvres semblant hésiter entre un art faussement naïf courtisant l’illustration enfantine et des envolées chrétiennes trop dévotes pour s’ouvrir à une spiritualité plus large. Je n’avais cependant jamais visité d’exposition consacrée au peintre, me contenant de grappiller ici et là quelques coups d’œil.
Cette rétrospective d’une centaine de peintures nous permet d’accéder à l’univers du peintre, chaleureux et proche. Si les toutes premières toiles représentent des scènes de manière assez réaliste, une élaboration plus symbolique se met progressivement en place apportant une fantaisie qui se teinte de profondeur humaine. Les mariés, les couples heureux dégagent un bonheur complice d’une innocence sans mièvrerie. Dans sa répétition d’une toile à l’autre, le bestiaire qui les accompagne devient une présence évocatrice et familière. Les œuvres montrées sont très communicatives, séparément et rassemblées. Elles provoquent une émotion, un « bougement » pour reprendre un vieux terme. Ou pour faire plus moderne, disons qu’elles nous parlent. En ce sens je les trouve doublement émouvantes parce que l’artiste s’y livre, exprime ses inquiétudes, ses aspirations, son besoin d’amour, son effroi devant l’antisémitisme et la guerre - et sans se placer sur un piédestal, simplement partageant le lot commun avec un autre vocabulaire. Il baisse les défenses et se donne en partage.
Sur un terrain si affectif, l’adhésion des amateurs d’art ne peut pas être unanime, j’imagine... Mais pour ma part, j’ai été heureuse de cette rencontre.