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L'escabelle
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11 mars 2017

Post vérité...

Post-truth : adjectif se rapportant à ou caractérisant des circonstances dans lesquelles les faits objectifs influencent moins l’opinion publique que des appels aux émotions et aux convictions personnelles (Trad from Oxford Dictionaries)

Peu importe le vin pourvu qu'on ait le flacon : l'ivresse suivra. Jetons les bébés avec l'eau des bains, ça a quand même plus de gueule...

Le Brexit l'a emporté parce que les électeurs ont vraiment cru que le Royaune Uni économiserait 300 millions de livres sterling par semaine. Quand les journalistes ont observé moins de monde au discours d'investiture de Trump que pour ses prédécesseurs, ils se sont fait étriller par la conseillère en communication du président. Quant au porte-parole de la Maison Blanche, il a prétendu que la pluie avait cessé de tomber quand Trump prononçait son discours. Les parapluies ouverts n'étaient bien entendu que preuve supplémentaire des complots ourdis contre lui. Bientôt, on lui attribuera le pouvoir de guérison des écrouelles (au vu des réformes prévues de la couverture-maladie, ce serait d'ailleurs très opportun).

Ce jeu avec la vérité n'est pas nouveau, non plus que les rapports passionnels entre réalité et vérité. Mais on avait quand même pris l'habitude de prendre appui sur des faits objectifs et partagés pour réfléchir. On avait aussi adopté une certaine logique cartésienne. Par exemple quelqu'un qui annonce qu'il démissionne en cas de mise en examen est censé démissionner quand 5 semaines plus tard (pas 5 ans ni même 5 mois) il est mis en examen. Ou encore quelqu'un qui réfute occuper une certaine fonction ne devrait pas porter plainte quand on s'étonne qu'il ait reçu le salaire dû pour cette fonction. 

On pensait aussi que le public était capable de rectifier si une information fausse était démentie chiifres à l'appui: or les économies supposées de 300 millions de livres sterling faux avancées par les pro-Brexit en Grande Bretagne ont été contestés, battus en brèche, et prouvés faux. Mais à une semaine du scrutin, presque 50% des électeurs y croyaient dur comme fer... 

C'est une vraie mutation qui se confirme, peut-être, quand le public préfère suivre son opinion et ses opinions..  Hannah Arendt avait déjà tiré la sonnette d'alarme:

 « Le résultat d’une substitution cohérente et totale de mensonges à la vérité de fait n’est pas que les mensonges seront maintenant acceptés comme vérité, ni que la vérité sera diffamée comme mensonge, mais que le sens par lequel nous nous orientons dans le monde réel – et la catégorie de la vérité relativement à la fausseté compte parmi les moyens mentaux de cette fin – se trouve détruit. »

— Hannah Arendt, "Vérité et politique", in La crise de la culture, 1964

Bye bye Descartes, éteignons les Lumières. Mais maintenant que tout le monde a le droit de vote, comment fait-on...?

 

 

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Commentaires
P
Le problème est amplifié aujourd'hui par, à mon sens :<br /> <br /> - Le déficit d'éducation en culture générale et en Histoire<br /> <br /> - Le rôle d'Internet qui dit sans arrêt une chose et son contraire et brouille les frontières entre le vrai et le faux<br /> <br /> - Les médias classiques qui colportent une pensée unique dont le peuple, pas idiot, sait qu'elle ne l'est pas et pense être manipulé<br /> <br /> - Le retour du religieux dont le mode de pensée n'est pas cartésien<br /> <br /> En gros, le citoyen dénonce être manipulé, ce qu'il est dans une certaine mesure, et il se met tout seul en situation d'être manipulé. "Eteignons les Lumières"...bien vu. <br /> <br /> Alors comment fait-on ? Vraisemblablement, une grosse crise fera à notre place.
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