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L'escabelle
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28 mars 2017

Comment voter aux présidentielles ? Une minute en direct du café du commerce

Je m'aperçois en discutant autour de moi que certains de mes amis y réfléchissent réellement. Véranne, fais un effort - la vraie vie ne se résume pas à "est-ce que j'ai un nouvel épisode de Homeland à regarder ce soir?". OK, je me lance.

Puisque nous nous plaignons que la finance mondiale gouverne le monde, autant élire quelqu'un qui connaît la banque et saura faire dialoguer flux de capitaux et politique nationale ?  Vous voyez qui, mais on me dit qu'il est surtout énarque avant d'être banquier :) ou :( dans le fond, je ne sais pas.

Il doit être bon, quand même, à en juger par sa déclaration de patrimoine d'environ 200 000 € alors qu'il a gagné 3.3 millions € chez Rothschild (c'est passé où? Les îles Caïman? Des prêts à Fillon?) Ou alors il est très dépensier  -  mm... pas bon signe, ça. Il invoque les impôts et les cotisations sociales pour justifier la thune évanescente - ma doué, mais pourquoi on s'décarcasse, quand même...

Semaine après semaine, le Canard nous révèle les turpitudes d'un autre candidat à la présidence. Sa ligne de défense est qu'il s'agit d'un complot et qu'il peut tout expliquer (c'est-à-dire qu'il peut expliquer les costumes, les prêts sans intérêt remboursés mais juste quand ils sont révélés, et l'exploitation des vides juridiques). "Droit dans ses bottes", après Juppé en 1995 qui expliquait ses conditions de logement assez enviables (et celles de son fils par la même occasion, avec son petit appartement de 80 m2), c'est maintenant au tour de Fillon. Rien de nouveau sous le soleil, on renvoie tout le monde dos à dos, et n'en parlons plus. D'ailleurs moi-même au bureau, il m'arrive bien de me dépanner d'un stylo que je glisse ensuite dans mon sac - c'est pas de l'abus de bien social, ça?

Hamon, il a l'air plutôt clean non.. ? Mais son idée de revenu universel, qui augmente la dette (je cause technique, là) L'argent arrive d'où? De nouveaux emprunts? En tout cas il faut lui reconnaitre que ce droit affiché à un revenu pose clairement un programme de gauche, au moins. C'est sûrement pour ça qu'il a été choisi aux primaires - mais pourquoi se retrouve-t-il tout seul, maintenant?

Et d'ailleurs pourquoi ce n'est pas Valls qui est sorti des urnes, alors qu'il a fait le job pendant 2 ans et demi avec d'excellents taux de popularité à l'époque? 

Sincèrement, je n'arrive pas à suivre.

Juste, mon sentiment, c'est que la politique "clivante", qui oppose les classes sociales les unes aux autres, ne pose plus les bonnes problématiques.  Des écarts de revenus, bien sûr il y en a - mais pour les soins, l'éducation, les biens de consommation , la circulation des personnes et des idées, les aides sociales, on est dans un tout autre univers qu'au XIXème ou début XXème siècle. La ségrégation, les problématiques de choix de société aujourd'hui se jouent entre les hémisphères, les couleurs de peau, le genre, les religions... Les cadres sup ne trouvent plus leur carte de visite dans la corbeille de naissance, ce sont plutôt eux qui souffrent de burn-out et de suicides en proie aux injonctions contradictoires de produire plus et plus vite avec moins de moyens - et ce sont eux qui sont joignables/joints 7/24 grâce aux smartphones et internet.

Mais bon, aux primaires, Hamon a été choisi très à gauche, Fillon très à droite - donc je ne suis pas dans le coup, clairement.

Il y a justement l'épisode 10 de Homeland ce soir - ça tombe bien.

 

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Commentaires
P
Je suis d'accord pour dire que les discours clivants ne fonctionnent plus comme avant, et que les politiques ont beaucoup de mal à l'intégrer. <br /> <br /> Bien sûr, les inégalités sont présentes, et selon qu'on naît ici ou là, c'est beaucoup plus difficile de tirer parti des améliorations que la société met à notre disposition. On sait bien que l'école, aujourd'hui, ne permet plus de prendre l'ascenseur social, et qu'elle reproduit ses élites. <br /> <br /> Par contre, il y a une réalité aujourd'hui qui ajoute de l'angoisse au phénomène de classe, c'est la peur du déclassement. Terrible de descendre les paliers au lieu de les monter. <br /> <br /> La politique "clivante" nous rappelle chaque jour qu'elle ne l'est pas dès qu'il s'agit d'être malhonnête... Droite ou gauche, ils savent utiliser les avantages à leur disposition en faisant fi non seulement de la légalité, mais de la morale tout simplement. J'en suis à chercher pour qui voter en me demandant lequel ou laquelle cache le plus de déchets sous son tapis. Cela ne devrait pas être le cas, je devrais juste avoir à m'interroger sur les programmes.<br /> <br /> Côté programmes,doit-on choisir entre utopie et pragmatisme ? Le pragmatisme ne fait pas rêver, et sans utopie on n'avance pas.<br /> <br /> Oui, les classes sociales les plus défavorisées vont mieux, mais je ne me lève pas non plus le matin en me demandant combien il me reste sur mon smic. Beaucoup de jeunes étudient, mais sans pour autant trouver de travail. S''ils en trouvent, ce sont des CDD qui les obligent à rester chez leurs parents un bon moment. Ils ne peuvent pas se projeter dans une vie autonome avant longtemps. <br /> <br /> On parle de fin du travail, mais je n'en suis pas là. Ceux qui prônent le revenu universel sont ceux qui de toute façon continueront à faire partie du monde du travail.<br /> <br /> Par ailleurs, "il ne s'agit pas tant de "faire payer les riches" que de proposer une autre répartition des richesses. Je ne crois pas que la voisine avec femme de ménage ait grand chose à craindre. Par contre, il y a des écarts de richesses insensés, qui n'ont fait qu'augmenter.<br /> <br /> Donc j'ai déplacé mon curseur ailleurs, je l'ai mis sur l'écologie. Il est pour moi évident que le monde, par incapacité à réagir de concert, va tranquillement vers de grandes crises, pour toutes les raisons que nous connaissons. <br /> <br /> Donc mon président (vous me pardonnerez si je laisse d'emblée le féminin) devra être sans casserole aux fesses, et devra avoir pris l'écologie à bras-le-corps. Il devra proposer une vision à laquelle s'accrocher, sans nager non plus dans l'utopie. Il devra être honnête. C'est pourtant pas compliqué. Si ?
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V
Mélenchon n’a pas un discours clivant, mais cela se gâte pour financer son programme : quand on parle entre collègues, ceux qui vont voter pour lui veulent simplement faire payer les riches. Et les riches, ce sont ceux qui habitent à quelques rues, dans des pavillons, et qui ont une femme de ménage. Voilà, ça, c'est clivant... et c’est bien dommage parce que les « riches » en question font fonctionner le pays tout autant que les autres.<br /> <br /> <br /> <br /> "les sociétés qui sont nées de ces révolutions n'ont pas apporté les changements souhaités, loin de là, en particulier sur le plan de la liberté, et par conséquent aussi de l'égalité." <br /> <br /> Je trouve au contraire que les sociétés ont apporté énormément de libertés en terme de droit de vote , accession à l'instruction jusque dans les études supérieures (300€ pour une année à l'université...!) , en terme de soins médicaux, de liberté d'expression , de biens de consommation libérateurs tels que l'électro-ménager , progression vers l'égalité hommes-femmes etc. <br /> <br /> Après, bien sûr, il reste l’inégalité des chances, mais je ne partage pas le point de vue que les milieux défavorisés ne peuvent pas s'en sortir pour cause de pauvreté: il y a des écoles pour tous, des livres de classe gratuits, des installations sportives gratuites, des clubs sportifs ou centres de loisirs pour les enfants, des médiathèques gratuites… n’y a-t-il pas un peu de condescendance, de paternalisme, même, à penser qu’ils sont condamnés d’avance à la misère ?<br /> <br /> <br /> <br /> Et sinon, il me semble qu'on manque de partis qui changent le paradigme, qui intègrent de base la réflexion environnementale, par exemple, pour refonder le reste dessus. Un autre élément du nouveau paradigme, c'est la globalisation, avec internet et les flux de capitaux. <br /> <br /> <br /> <br /> Bon, quelle présidente je serais? <br /> <br /> Mince... <br /> <br /> Ben j'obligerais C*n*l + à diffuser tous les épisodes de Homeland en une nuit parce que là je n'en peux plus d'attendre les épisodes 11 et 12. <br /> <br /> Non, non, ne me dis pas pour qui voter dans ce cas, je crains le pire :))
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G
Je ne sais pas si quelqu'un qui n'a jamais entendu parler de Homeland peut commenter de façon pertinente ce billet. Mais je m'y aventure tout de même, au moins sur quelques points, et en fait sur tout le dernier paragraphe.<br /> <br /> Qu'est-ce qu'une politique "clivante", d'abord ? Celle qui oppose les classes sociales les unes aux autres, dis-tu. Compte tenu des références qui suivent au XIXème siècle et début du XXème, on imagine qu'il s'agit de propositions politiques s'appuyant sur des théories élaborées par les penseurs critiques du XIXème siècle, Marx, Proudhon, etc. Mais dans le paysage politique français actuel, on trouve peu de références explicites à ces penseurs, sauf à l'extrême-gauche trotskiste, bien isolée. Mélenchon, par exemple, parle plutôt d'inégalités que d'oppositions de classe proprement dites, et vise à rassembler les 99% de la population qui n'ont pas de réel pouvoir de décision sur la marche de la société, et qui en souffrent plus ou moins, il évoque souvent le burn-out des cadres supérieurs par exemple.<br /> <br /> Cependant n'éludons pas la question principale que tu poses: une problématique en termes de classes sociales est-elle encore d'actualité ? Ton argument central - il y a eu tellement de progrès depuis Marx - est plutôt faible, si tu me permets ce jugement polémique. Imagine-t-on Marx en 1848 oubliant que la révolution française, puis celle de 1848 (il a fallu s'y prendre à deux fois), avaient aboli l'esclavage et le servage, et inconscient de la supériorité du statut d'un travailleur "libre" dans l'industrie, voire même de l'amélioration apportée par une science en plein progrès sur la maîtrise des maladies ? S'il avait raisonné en ces termes, au nom des seuls progrès des "forces productives" pour reprendre son vocabulaire, il n'aurait pas écrit le Capital, qui n'est pas un catalogue misérabiliste (pas plus que le manifeste du Parti communiste ) mais une analyse de la façon dont fonctionne le capitalisme, dont le cœur est la propriété privée des moyens de production, et la recherche du profit. C'est ce constat guère contestable qui délimite avant tout pour lui les classes sociales, propriété des moyens de production d'un côté et de l'autre dépossession de ces moyens et obligation de vendre la seule chose qu'on possède, sa force de travail, tout en étant dépossédé du produit de son travail. Que cette organisation de la production , et cette division du travail, produisent de la richesse, je ne crois pas qu'il l'ait jamais contesté, au contraire. Mais le cœur de sa critique résidait dans le souffrance générée par cette organisation, en termes d'exploitation (physique autant que financière) et d'aliénation, sans parler de l'exploitation des ressources environnementales. Malheureusement, je ne crois pas que cette analyse ait perdu de sa pertinence, malgré l'augmentation générale du niveau de vie (pour ce qui est de la qualité ça se discute un peu plus, même sans verser dans la nostalgie du bon vieux temps). L'intérêt partagé par la masse des travailleurs de toutes conditions ne réside certainement pas dans le maintien du capitalisme, analysé sous cet angle (et cet angle n'est pas accessoire). <br /> <br /> Les successeurs politiques de Marx ont théorisé et mis en œuvre la lutte politique des partis communistes pour le pouvoir, au nom de la classe ouvrière, à l'époque la plus nombreuse, et censée porter l'espoir d'une autre société plus égalitaire et plus libre, voire plus fraternelle. Et on a vu que les sociétés qui sont nées de ces révolutions n'ont pas apporté les changements souhaités, loin de là, en particulier sur le plan de la liberté, et par conséquent aussi de l'égalité. Il y a de nombreuses raisons qui peuvent expliquer cela, y compris dans la théorie marxiste, mais cela n'invalide pas nécessairement toute son analyse. Elle reste beaucoup plus éclairante en tout cas que les discours sur la faute de "la finance", ou dans un autre registre sur l'effondrement moral de la société ou l'explosion de l'individualisme. Dire que c'est dans les rapports de production que les choses se jouent est plus difficile à nier, et l'investissement sans précédent de la logique d'exploitation dans la sphère de la consommation est aussi une évidence, l'enjeu étant maintenant de transformer chaque cerveau humain en consommateur d'un produit de divertissement (j'espère que Homeland échappe à cet objectif). <br /> <br /> Voilà la toile de fond de cette lutte des "classes sociales" qui s'interpénètrent en effet de façon plus intime qu'à l'époque de Marx, au moins en France, et ne sont peut-être pas un concept aussi opératoire qu'à l'époque. Mais il ne faut jamais jeter le bébé avec l'eau du bain, même par inadvertance…<br /> <br /> "La ségrégation, les problématiques de choix de société aujourd'hui se jouent entre les hémisphères, les couleurs de peau, le genre, les religions…" dis-tu. Oui, ces ségrégations existent et sont un enjeu des politiques nécessaires. Mais là encore qu'est-ce qui est antérieur ? Quand le travail de millions de gens est délocalisé dans des pays où la force de travail est moins chère, peut-on s'attendre à ce que les gens concernés applaudissent et votent pour la démocratie libérale mondialiste, conscients que malgré tout ce qu'ils subissent là résiderait leur véritable intérêt à terme? Peut-on s'attendre à ce qu'ils accueillent sans inquiétude les migrants, au nom du fait qu'ils sont encore plus démunis qu'eux ? Et quand ils voient que la vertu n'est qu'un déguisement de ceux qui profitent du système, peut-on s'attendre à ce qu'ils ne cherchent pas refuge dans les traditions ou les religions les plus identitaires, et ne voient que du bon dans la modernité des mœurs ? Tu me diras que les choses ne sont pas si simples et qu'il y a des forces politiques qui cultivent le terreau réactionnaire et j'en serai d'accord. Et que cela explique mais ne justifie rien. <br /> <br /> Mais tout cela ne signifie-t-il pas en tout cas qu'une réflexion sur les fondements de notre société est en jeu ? Et que chacun doit y prendre sa part. Cette élection est un moment de cette réflexion, même si elle ne débouche pas sur des lendemains qui chantent. Car ce qui nous menace de toutes façons, ce n'est pas la politique clivante, mais la crise clivante subie, crise sociale, politique, idéologique, environnementale. Il n'y a pas assez de radicalisme dans la pensée politique réformatrice, à mon sens, ou du moins cela concerne des cercles trop étroits, des expériences trop dispersées d'une façon radicalement différente de travailler et de consommer.<br /> <br /> Mais dis nous plutôt à quelle société tu aspires concrètement, quel président tu serais, et je te dirai pour qui voter.
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V
!!! Chère toi.. mon âme soeur!!
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P
Tu en es à quelle saison de Homeland ? ;-)
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