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L'escabelle
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7 avril 2017

Demain , et autres portes à ouvrir

Autour de moi, Demain, le film de Cyril Dion et Mélanie Laurent, a suscité engouement et intérêt, pour ses idées, bien entendu, mais également son énergie et son enthousiasme communicatif. Pas de misérabilisme, pas de hantises à cauchemarder, mais des solutions, des idées, des exemples.

Plusieurs grandes parties, essentiellement : côté agriculture, se ré-approprier la production de la nourriture en local, ou circuit court ; côté énergie, avoir recours à des solutions alternatives aux énergies fossiles: côté économie, se libérer de la globalisation en réintroduisant les circuits commerciaux resserrés sur la région et en se créant des monnaies locales; côté démocratie, développement d'une démarche participative et de la démocratie directe; côté éducation, pédagogie respectueuse des individus et des responsabilités sociétales à véhiculer. 

Un film très frais, généreux et qui donne envie. J'y ai appris par exemple que certains économistes estiment que les banquent créent de l'argent par leur activité de prêt. Il a tout de même fallu que je me renseigne par ailleurs pour comprendre un peu mieux. Voici : on a tendance à dire que si A dépose de l'argent à la banque, et B emprunte la somme pour s'acheter une maison, eh bien l'argent de A passe à B, puis revient à A avec le remboursement de B, moyennant commission pour la banque (qui en tire une partie de ses revenus). Mais en fait dans la vraie vie, il se peut très bien que A décide de dépenser son argent en même temps... Et là, par jeu d'écriture avec les revenus de C et D, par exemple, effectivement la banque aura les liquidités suffisantes pour le lui permettre. Ce qui fait qu'artificellement, la banque permet à cette somme d'argent d'acheter deux fois plus de biens de consommation que si elle restait dans la bourse d'un seul. A vrai dire, je ne sais pas trop ce qu'il faut en déduire, mais ce coup de baguette magique m'impressionne assez..

D'autres aspects du film m'ont moins plu, comme par exemple l'insistance d'organiser la production agricole dans les faubourgs des villes, au lieu de consacrer des hectares saturés de pesticides à de l'agriculture intensive. L'idée paraît simple, mais les sols urbains sont tellement pollués aux métaux lourds que les céréales sont en réalité corrompues. Quant aux militants qui s'y investissent, ce sont des docteurs en biophysique ou autres scientifiques passionnés, pas vraiment des citoyens ordinaires. Le pire pour moi est cependant le retour protectionniste aux espaces clos, monnaie locale et autres circuits d'artisans et producteurs du cru, comme si la communauté proche devenait une valeur refuge. J'ai connu cela enfant - familles en clientèle captive des commerçants du coin, qu'il ne faut surtout pas contrarier sous peine de disette ou autres machines mal dépannées parce qu'on est "mal vu". En plus, ce genre de projet se retrouve dans le programme de certains partis que je ne recommanderais pas... 

Mais bon, food for thought, comme disent les Anglo-saxons, une base de réflexion très stimulante...

 

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Commentaires
P
En ce qui concerne l'écologie, si certaines propositions nous rendent captifs, nous ne le serons pas davantage que de l'hypermarché de secteur (Qui a le temps de tous les faire pour comparer les prix ?), de l'obsolescence programmée et que sais-je encore. Par contre, nos modes de production intensifs présentent des risques sanitaires graves pour l'humain aujourd'hui. Ceux que laissaient indifférents la condition animale, la déforestation, la perte des écosystèmes, les droits de l'homme et de l'enfant bafoués en certaines parties du globe et la raréfaction des espèces, devraient être touchés quand ils comprendront que leurs enfants souffrent d'allergies graves et de maladies environnementales. Il y a une sorte d'aveuglement collectif. On connaît le danger, mais le combattre supposant de renoncer à certains de nos conforts, on s'empresse de se voiler la face. Ce n'est pas notre gentil tri sélectif (le pot de yaourt en carton, je le mets en cartons ou en yaourts ?) qui changera grand chose. Après clivant, pas clivant... Ouf le cancer n'est pas clivant.<br /> <br /> Chacun vote en général en fonction de son niveau social. Clivant. Les vrais altruistes ne sont pas légion. On croit se renseigner, réfléchir... Oui bon. Peut-être que si je payais l'ISF je voterais Fillon... Sûrement même :-D C'est pour ça que s'il y avait un peu moins de différences de revenus entre les gens, il y aurait peut-être un espace pour se poser les questions fondamentales, par exemple l'avenir de la planète.
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G
Je n'ai pas bien compris pourquoi tu évoques des facteurs culturels à propos de l'article de Meirieu, alors qu'y sont décrits essentiellement des facteurs organisationnels et institutionnels. Il est vrai que si l'on voulait transposer en France, on se heurterait sans doute à des facteurs culturels, habitudes, croyances, etc. Et je connais des Finlandais, devenus des amis, qui effectivement n'ont pas tout-à-fait les mêmes réflexes que nous (je ne sais pas si je peux généraliser). Mais en tout cas, quand il s'agit d'organisation, les choses peuvent aussi changer petit à petit, si l'on fixe des directions.<br /> <br /> Effectivement, le rapport sur le site du Sénat est aussi intéressant, et montre qu'il y a évaluation, mais surtout auto-évaluation ou évaluation externe. On aimerait avoir plus de détails sur la façon dont ça se passe. Apparemment, ce n'est pas homogène.<br /> <br /> Je n'ai pas de point de vue très argumenté sur la question, sauf relativement à mon expérience, que je t'ai rapportée. C'est pourquoi je sollicitais le tien. Je suis clairement pour l'évaluation des projets, ce qui suppose de fixer des objectifs clairs, et mesurables - ce qui n'est pas toujours facile ni même possible - et d'évaluer collectivement leur réussite - ce qui suppose un apprentissage et un découplage avec tout système de primes - et je n'ai pas de point de vue sur l'évaluation des profs à l'université. Je les fréquente un peu plus maintenant, et regrette parfois simplement leur manque de pédagogie, ce qui rejoint ta remarque sur leur absence de formation. Mais dans l'ensemble, je suis plutôt impressionné par le bon niveau et l'investissement de la plupart.<br /> <br /> <br /> <br /> Comme tu l'avais bien compris, je suis plutôt pour faire apparaitre les clivages qui structurent notre société, de façon à pouvoir changer les choses, et ne pas prendre l'arbre pour la forêt. Je n'ai pas écouté le discours de Marseille, je ne savais pas que Mélenchon avait parlé de castes. Il est clair que c'est une notion plus confuse que celle de classe, bien peu opérationnelle. Qu'on puisse faire des analogies, concernant les clivages sociaux français, avec un système de castes à l'indienne, me parait imprudent, même si je constate tous les jours l'évitement mutuel de groupes sociaux, par exemple dans l'habitat, les transports ... ou l'éducation.
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V
Coucou.<br /> <br /> ce qui m'a donné envie, c'est le film, et envie d'agir. les banques ne me donnent pas envie, mais j'avoue être scotchée devant l'idée que la même somme d'argent peut servir deux fois en même temps, et que donc avec 10€ on peut acheter pour 20€ de marchandises.Les mécanismes appris à l'école de l'équilibre de l'offre, de la demande (liée aux richesses réelles) et de l'ajustement "naturel" des prix, de l'inflation maîtrisée par le contrôle du volume d'argent en circulation, tout cela me semble plutôt has been, et du coup, j'ai du mal à me représenter ce que ça donne.<br /> <br /> Le modèle finlandais..; oui, admirable.. lié à sa culture aussi, comme l'explique Meirieu sur son blog<br /> <br /> http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2016/01/29012016Article635896463970136711.aspx<br /> <br /> En Finlande, si les enseignants ne sont pas individuellement évalués, en revanche tout le système éducatif repose sur l'évaluation (interne et externe)<br /> <br /> https://www.senat.fr/rap/r09-399/r09-399_mono.html#toc126<br /> <br /> et les enseignants reçoivent une prime quand les objectifs sont atteints...!!<br /> <br /> En France, bonne nouvelle à tes yeux (?) nous n'évaluons pas les enseignants à l'université - sans doute une preuve de confiance ultime, puisque nous ne les formons pas non plus. <br /> <br /> Ou d'indifférence, bien sûr. <br /> <br /> Tiens au fait, j'ai pensé à toi en écoutant un bout du discours de Mélenchon à Marseille. Effectivement il ne parle pas de lutte des classes. On en était plutôt à la guerre contre les pauvres par les castes des riches. Bon. Guerre des castes au lieu de lutte des classes. Okay... Pas clivant?
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G
J'aime bien ta faute de grammaire : "les banquent". C'est vrai que les banques nous font banquer, de bien des façons. C'est une des bases de l'économie, et pas seulement l'avis de certains économistes, que "les prêts font les dépôts". L'essentiel de la monnaie est scriptural. Je ne sais pas ce qui t'a donné envie dans ce mécanisme, sinon de le comprendre. Mais une fois compris, on peut en déduire un intérêt pour la mise en place de mécanismes d'échange qui échappent aux banques, évitent de tout monétiser, ou quand il s'agit de monnaie locale permettre de rendre cette monnaie impossible à expatrier ou à utiliser dans des mécanismes à visée spéculative. Évidemment, le problème est que cela peut aussi échapper à l'impôt, et qu'il est important de réserver cela à des mécanismes de services collectifs, plutôt qu'à des activités de production privée.<br /> <br /> Les expériences agricoles décrites dans le film ne m'ont pas non plus toutes paru très opérationnelles, mais elles ont le mérite d'expérimenter d'autres façons de consommer et de produire. La catastrophe de l'agriculture intensive et de la désertification des campagnes (qui va de pair avec la catastrophe des mégalopoles) est suffisamment avérée pour qu'on cherche d'autres solutions. Je ne crois pas que le risque de retour à des circuits de distribution captifs soit réel, dans une situation où même un quart de la production-consommation agricole reposant sur des circuits courts serait déjà une révolution. Il faut bien entendu trouver le bon curseur. En tout cas, ça me permet de savoir pour qui tu vas voter, puisque seuls deux candidats ne font pas de l'écologie un thème sérieux de campagne. <br /> <br /> Je suis surpris que tu passes aussi rapidement sur le thème de l'éducation développé dans le film, et notamment sur l'expérience finlandaise où la question de l'évaluation des professeurs apparaît comme saugrenue. Il me semble que tu avais abordé ce sujet dans un autre billet cependant, mais ça concernait peut-être plutôt les élèves. Personnellement ça m'a intéressé, et j'ai fait le rapprochement avec l'évaluation des fonctionnaires dans mon ancien métier : on se dit que tous ne travaillent pas aussi efficacement et que l'évaluation n'est pas une hérésie a priori, mais finalement on peut aussi se demander si l'évaluation n'a pas plus d'effets pervers que de réelle utilité. Faire confiance ne marche sans doute pas toujours, mais le contraire encore moins.
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