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26 novembre 2010

La Princesse de Montpensier

J’espère que La Princesse de Montpensier , de Bertrand Tavernier, bénéficie d’un bouche à oreille qui propulse les entrées vers des records, tant il m’a captivée pendant deux heures, soustraite à mes préoccupations du moment et emportée dans sa fougue. L’apprentissage d’une jeune fille intelligente et belle, un contexte historique agité de problématiques qui nous concernent toujours aujourd’hui, quatre hommes dans la tourmente amoureuse et politique, des péripéties, bal à la cour et intrigues masquées, magnifiques châteaux forts et campagne verdoyante. Les chevaux écument, la belle palpite, et on retient son souffle. En plus, le film nous réserve volontiers des surprises, avec des acteurs parfois peu connus et un portrait de jeune femme assez hardi pour nous questionner. La reconstitution historique procure grand plaisir. Une réussite presque exemplaire donc, et même jusque dans l’entêtement peut-être anachronique de l’héroïne, qui en prime ne nous laisse repartir qu’avec nos interrogations personnelles.

Voir aussi de Bertrand Tavernier, Dans la brume électrique.

Les portraits psychologiques des uns et des autres sont ciselés avec tendresse et donnent envie de revenir sur telle ou telle réaction, comme on le ferait entre amis à propos d’un tiers. Par exemple, quand vers la fin, Marie hésite, la main sur le loquet, enfermée dans sa chambre, écoutant son époux la supplier derrière la porte de ne pas aller à Blois, qu’est-ce qui a emporté sa décision ? Par quoi était-elle tentée quand elle était prête à ouvrir ?

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Commentaires
P
http://fr.wikisource.org/wiki/La_Princesse_de_Montpensier<br /> On peut lire ici la nouvelle, qui n'est pas bien longue. C'est une mise en garde contre la passion, et une défense de la vertu. A la fin, la princesse a perdu "l'estime de son mari, le coeur de son amant, et le plus parfait ami qui fut jamais". Mme de Lafayette ne joue pas avec la vertu, mais nous, Véranne, on peut penser que bien conseillée par une femme avisée et de plus d'expérience, elle eût conservé les trois...
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V
Hello Pâquerette, je suis ravie que tu n'aies pas oublié ma question, d'autant que j'ai la même analyse que toi... C'est de l'amour qu'elle attend, et en effet elle n'a pas à l'âme à se soumettre, ou disons, en allant encore dans ton sens, qu'elle est encore trop entière, ne comprend pas le compromis. Guise est assez drôle ensuite qd il lui explique que tout de même, il a sacrifié un très beau mariage pour elle. Son évide,te sincérité montre en même temps le peu de profondeur de sa relation. Mais en même temps, quelle séduction! (ça valait la peine d'y céder!!!)<br /> Ce que je m'étais dit aussi, c'est qu'elle n'a pas de mère ni de présence féminine pour la conseiller. C'est peut-être là que je verrais une petite faiblesse du scénario. J'imagine que surtout à l'époque, on n'aurait pas laissé une jeune fille totalement inexpérimentée du monde sans aucun appui féminin du tout...
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P
Je viens de voir, plusieurs mois après cette conversation, ce beau film. J'ai mon idée sur la raison pour laquelle Mme de Montpensier n'a pas ouvert la porte à son mari. Il lui dit qu'il a pris la peine de lui apporter la lettre de Chabannes, que c'est une preuve de son "pardon" et de sa "loyauté" : elle pose la main sur le loquet...<br /> Mais il ajoute que si elle lui faisait l'"affront" d'aller à Blois, ce serait une rupture entre eux : elle retire sa main. <br /> Tout est dans ces deux mots, pour une âme fière comme elle : le pardon et l'affront. <br /> Dans le pardon, il y a un amour conjugal possible. Dans le terme affront, il y a le contraire de l'amour : l'orgueil masculin, la domination du mari sur son épouse, la jalousie...Tout ce dont les femmes pouvaient pêtir en ce temps-là. <br /> On voit bien, dans les séquences où Chabannes lui donne des leçons, qu'elle est intelligente, qu'elle a de l'esprit : c'est auprès de lui, l'éducateur, qu'elle trouve les clés pour aller plus loin dans la connaissance. Mais elle doit aussi faire avec sa jeunesse, son obstination, son peu d'expérience des rapports humains. <br /> Quel jeu d'intrigues autour d'elle, quelle chasse (l'occupation préférée de ces hommes quand ils ne sont pas en guerre) dont elle est la proie ! L'aiment-ils vraiment, où aiment-ils la poursuivre ? Oui, 3 hommes en un. On comprend où va le sentiment de Tavernier, et de Mme de Lafayette également : celui qui aime vraiment Marie, c'est l'homme mûr, qui connaît la vie, qui s'efface devant son amour pour Guise, qui se sacrifie pour elle...Mais une femme ravissante, très jeune, désirable et courtisée, peut-elle comprendre cet amour autrement que trop tard ? Beau final en voix off de Chabannes : "Le bonheur est une éventualité peu probable dans cette dure aventure qu'est la vie pour une âme aussi fière qu'est la vôtre (...) Permettez-moi de réapparaître de temps à autre dans votre souvenir, comme une de ces vieilles chansons que l'oubli n'efface jamais de notre mémoire : au moins vous restera la parfaite amitié de François, comte de Chabannes". <br /> "Parfaite amitié", oui, que le désir charnel, les règles sociales et le temps qui passe contrarient, mais qui est une très belle définition de l'amour. <br /> Remarquable film, auquel on peut juste reprocher des séquences "combats" où l'on sent un peu trop la cascade appliquée, mais franchement, peu importe tellement ces choses de la guerre étaient codifiées. Belle reconstitution historique de détails (ah, le futur henri III se raclant la langue après le dîner...)
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D
Bonsoir Véranne, j'ai entendu et lu de tout à propos de ce film: du pire et du meilleur. Je me déciderais peut-être à y aller. En tout cas, merci pour ce billet. Bonne soirée.
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V
Oui, c'est vrai...il y a là une faille dans la modélisation... et sans soute Véranne a-t-elle raison sur les explications possibles. Assurément « l’intello » fait peur aux producteurs américains (mais pas seulement), aux scénaristes américains (mais pas seulement), lesquels sont aussi des hommes… Cherchez l’erreur. Ceci étant, Lynnet (orthographe ?) est un modèle complexe, et plutôt positif : diplômée, femme active, mère courage, épouse sensuellement généreuse et <br /> (presque)fidèle, … Certes, il lui manque la « culture » - mais cette dimension fait p-ê partie de l’exception française…<br /> <br /> PS : pour le « genre » de Volland, je laisse la grammaire répondre ici ou là… Et puis, comme disait le philosophe en parlant du tableau du peintre : « Approchez-vous, tout se brouille, s’aplatit et disparaît ; éloignez-vous, tout se recrée et se reproduit »…
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