La Princesse de Montpensier
J’espère que La Princesse de Montpensier , de Bertrand Tavernier, bénéficie d’un bouche à oreille qui propulse les entrées vers des records, tant il m’a captivée pendant deux heures, soustraite à mes préoccupations du moment et emportée dans sa fougue. L’apprentissage d’une jeune fille intelligente et belle, un contexte historique agité de problématiques qui nous concernent toujours aujourd’hui, quatre hommes dans la tourmente amoureuse et politique, des péripéties, bal à la cour et intrigues masquées, magnifiques châteaux forts et campagne verdoyante. Les chevaux écument, la belle palpite, et on retient son souffle. En plus, le film nous réserve volontiers des surprises, avec des acteurs parfois peu connus et un portrait de jeune femme assez hardi pour nous questionner. La reconstitution historique procure grand plaisir. Une réussite presque exemplaire donc, et même jusque dans l’entêtement peut-être anachronique de l’héroïne, qui en prime ne nous laisse repartir qu’avec nos interrogations personnelles.
Voir aussi de Bertrand Tavernier, Dans la brume électrique.
Les portraits psychologiques des uns et des autres sont ciselés avec tendresse et donnent envie de revenir sur telle ou telle réaction, comme on le ferait entre amis à propos d’un tiers. Par exemple, quand vers la fin, Marie hésite, la main sur le loquet, enfermée dans sa chambre, écoutant son époux la supplier derrière la porte de ne pas aller à Blois, qu’est-ce qui a emporté sa décision ? Par quoi était-elle tentée quand elle était prête à ouvrir ?