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L'escabelle
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9 octobre 2011

Voir la télé et mourir

Le Monde de ce week-end appâte ses lecteurs par un titre racoleur « La télévision nuit gravement à la santé », avant d’annoncer que chaque heure de télévision regardée à partir de 25 ans ampute le téléspectateur de 21.8 mn d’espérance de vie… Par exemple, pour ma grand-mère née en 1920, qui regarde la télévision au moins 6h par jour depuis 50 ans, cela représente un peu moins de 4 ans perdus. Comme à son époque, elle  avait une espérance de vie de 72 ans, et qu’elle en a maintenant 20 ans de plus, je reste perplexe. On m’objectera que ma grand-mère est une femme d’exception, ce dont je me doutais déjà un peu.

Bon.

Au bout d’une longue colonne et demie de statistiques alarmantes et de prévisions sinistres, on nous cite une spécialiste de l’Inserm: « tout cela n’est pas dû à la télévision en tant que telle. Cela tient surtout à ce que regarder la télévision est une activité sédentaire, au cours de laquelle on développe des comportements alimentaires qui ne sont pas excellents. » (On notera la rigueur scientifique à l’œuvre dans cette analyse qui a dû passer le cap des peer reviews les plus sévères)

Ah.

Mais tout de même, s’entête l’article, la passivité d’esprit associée aux émissions de télévision provoque – ou tout au moins reflète - une « participation réduite à des activités intellectuellement stimulantes ». C’est l’Alzheimer qui nous guette, avec 30% de chances supplémentaires de le développer à chaque heure de passivité. Pour les enfants, c’est le développement intellectuel qui est sans doute menacé.

D’accord.

Donc en fait, ces 21.8 mn de vie en moins par heure de télévision sont probablement le prix de toute heure passée à se laisser aller en grignotant des douceurs ou à siroter un petit cocktail, ce qu’on appelle couramment le farniente

Ce qu’on ne sait pas, c’est ce qu’on perdait en espérance de vie avant la télé. Car rien ne prouve qu’autrefois, on occupait mieux ses journées…

A vrai dire en tout cas, je regrette un peu le temps perdu à lire cet article. Mais il m’a reposée, finalement, car moi, je repousse constamment les bornes de l’Alzheimer par une activité intellectuelle effrénée : en effet, je suis dans une période de ma vie où je fais des papiers.

Ce qui signifie : je consulte, je souscris, je remplis, je m’abonne ; j’opte pour, je joins, je certifie sur l’honneur, je coche, je justifie, je relève, je déclare; je signe, je date, je photocopie, j’enveloppe, je timbre, je recommande, je poste, je reçois confirmation, j’accuse réception. J’archive, je classe, je mets à jour.

Clairement, j’ai augmenté mon espérance de vie.

Et mon taux d’ennui actualisé aussi. Et là, on n’est pas dans le prévisionnel.

Bon, voyons, qu’est-ce qu’il y a ce soir à la télé ?

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Commentaires
S
Parfait, ce sera mon prochain objectif :)
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A
Haha c'est excellent :)
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D
Bonsoir Véranne, ce n'est pas un "scoop" cette nouvelle du "Monde". Cela fait longtemps que ce débat sur la télé fait régulièrement surface. Mais comme dirait quelqu'un, il faut bien mourir de quelque chose. Merci pour ce billet bien troussé. Bonne soirée.
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V
Très juste, docteur Volland - enfin un diagnostic utile!!
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V
Pas de panique, on a dit ce genre de choses (j'ai failli utiliser un mot plus définitif...)pour le cinéma,voire la littérature, bref tous les arts "sédentaires" qui font le sel de la vie... Il est vrai que les montagnes de pop-corn qu'on distribue aujourd'hui dans les multiplexes ont sans doute un effet délétère ... sur les voisins des croqueurs impénitents : au lieu de savourer la musique ou (mieux encore)les silences de la bande-son, nous voici contraints de subir les lancinants "creuch-crunch"... Oui, ça, ça use la santé ! ...
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