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8 mai 2015

Pierre Bonnard, peindre l'Arcadie, musée d'Orsay.

affiche Bonnard

C'était une bonne idée de commencer par le musée Marmottan et son exposition sur "la toilette, naissance de l'intime", pour arriver en douceur à la rétrospective Bonnard au musée d'Orsay.

L'intimité, c'est ce que Bonnard peint merveilleusement : ces dîners de famille, par exemple, les enfants, le bébé qui nous regarde du bout de la table, avec son visage rond et ses yeux un peu fixes, et qui à l'instant suivant consentira sans doute à ouvrir la bouche pour une becquée. La tarte aux cerises est un délice. Souvenir et goût de l’enfance qui m’évoque le jus de cerise dans la bouche, la pâte acidulée par le sirop d’un côté et craquante de l’autre. Il règne juste le mystère qu’il faut avec un visage qui se distingue à peine des feuillages, là par hasard peut-être. Naturellement les tableaux de femmes à leur toilette occupent également une part importante de l’exposition.

Les premières salles montrent Bonnard tendance Nabi, ainsi que des toiles pétillantes de talent et d’humour: une promenade au bois, où les couples tournent comme dans un manège, deux chiens qui batifolent. Certains tableaux sont énigmatiques, comme le souligne le titre de la salle, ou en tout cas affutent le regard, suscitent l’investigation. C’est le cas d’Intimité  par exemple, peint d’une perspective inhabituelle – une conversation dont les acteurs se devinent ou se dessinent petit à petit  grâce à la pipe que l’on repère au premier plan ou cette forme grimaçante qui se dégage en illusion d’optique.

Sa peinture des moments passés en famille exprime un bonheur simple, son regard enveloppe avec douceur des scènes ordinaires et sans apprêt particulier, recueillant, exprimant la profondeur d’un amour essentiel. On est loin des révoltes bohêmes, quels que soient les conflits amoureux que rappellent les personnages féminins. Bonnard est très présent parce qu’il semble peindre sans distance : il fait partie de la scène, c’est ce qu’il voit au plus proche qu’il restitue, seul personnage non représenté mais bien là. Peintre de l’intimité, de son intimité personnelle...

Je ne connaissais pas le volet « décoration d’intérieur », sans doute intéressant à découvrir. La révélation de cette exposition pour moi reste la vivacité de ses tableaux, enlevés, sans pesanteur malgré leur richesse, et un sentiment de chaleur humaine.

En contrepoint, pourquoi ne pas aller flâner au dernier étage, pour Dolce vita, du Liberty au design talien design italien – des œuvres dont l’époque coïncide en partie avec la production de Bonnard. Le contraste est passionnant.

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Commentaires
Q
Notre prof de peinture (j'étais élève en première année de peinture en cours du soir) nous avait raconté une anecdote dans l'autocar, avant l'expo (il ne pouvait guider dans le musée). Bonnard avait paraît-il un jour voulu peindre un bouquet de roses "sur le motif", mais n'arrivait plus à rendre la couleur ou le mouvement ou l'émotion. Finalement, il était allé placer le vase dans une pièce à côté, où il allait le regarder de temps en temps, puis il se remettait à sa peinture. Mais c'est un tableau que je n'ai jamais vu. Mon préféré était une salle à manger, avec une large porte-fenêtre largement ouverte sur les jardins.
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Q
Bonnard ! Il y eut une expo fabuleuse, au musée d'art moderne de Paris, en 2006. Cela a été un moment exceptionnel pour moi. Je bloguais depuis un peu plus de six mois... (Mais le blogue où j'en parlais n'existe plus). Orsay est un musée fabuleux, mais quand j'en sors, je suis mourue o;) (et il faut encore aller gare du nord prendre le thalys pour rentrer en Belgique.................................)
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