Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'escabelle
L'escabelle
Publicité
L'escabelle
Newsletter
Archives
24 décembre 2013

El Tigre, d'Alfredo Arias

La pièce, qui se joue au Théâtre du Rond-Point, a un côté « Rocky Horror Picture Show » tirant sur les Blues Brothers (pour l’épisode dans le bayou chez l’inquiétante sorcière vaudoue) avec une intrigue débridée se déroulant en Argentine. Une « cinéphile-cinéfolle » et sa bonne, tous les deux travestis, ont résolu d’organiser une reconstitution d’un film avec Lana Turner. Il est prévu que cette dernière soit incarnée par l’esthéticienne du coin, qui en fait envoie sa femme de ménage, une Indienne locale.

On compte aussi parmi les personnages une fée qui devient Vampira, campée dans un costume de cuir hideux qui la transforme en virago des comics d’avant-guerre et bien entendu, roulement de tambour, la diva Arielle DOMBASLE, fluide comme une vierge de Cranach en voiles arachnéens, cache-cœur d’angora rose et fourreau de rêve : c’est Lana Turner qui revient du royaume des morts. Sa fille, qui la recherche désespérément, apparaît à son tour.

A la fin, les Martiens débarquent, mais on n’ose pas nous les montrer quand même.

L’intrigue est fignolée, brodant des arabesques délirantes sur un ancrage biographique : la fille de Lana Turner a poignardé l’amant de sa mère parce qu’il menaçait de la tuer, d’où les traumatismes à exorciser. Ce vaudeville enchaîne des chansons parfois très inspirées et d’entraînantes chorégraphies esquissées. Les costumes sont sophistiqués, les décors de fond de scène à la fois oniriques et réalistes dans un jeu de couleurs et d’ombres creusées. De multiples allusions pétillent sur scène au détour des dialogues, c’est plein d’énergie et de surprises.

Arielle Dombasle est une professionnelle irréprochable, chante bien, parle bien, joue la star à la perfection, éclipsant toutes les autres avec un naturel hautain. Leur accorde-t-elle un regard... ? Je ne suis pas sure.

El Tigre n’est cependant sans doute pas une réussite totale. Le rythme fléchit parfois, trahissant la vacuité de l’argument. Certains effets comiques sont assez lourds. Par exemple l’arrivée d’une indigène au physique inattendu pour jouer Lana Turner, ou des blagues homophobes à replacer dans le contexte historique. Tout cela est à mettre sur le compte d’une liberté de parole réservé à des Parisiens affranchis, j’imagine. Et puis la pièce n’arrive pas à se terminer, de résurrection en kidnapping puis en retour surprise, on fatigue un peu.

Mais l’orchestre est bon, et Andréa Ramirez, qui joue Tota, a une voix extraordinaire qui vaut le détour à elle seule.

Alors pourquoi pas, pour 1h30 de dépaysement et de folie…

Publicité
Commentaires
Publicité