Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'escabelle
L'escabelle
Publicité
L'escabelle
Newsletter
Archives
10 septembre 2014

Sils Maria, Olivier Assayas, 2014

SilsMaria

un film de Olivier Assayas avec Juliette Binoche, Kristen Stewart. Chloe Moretz...

J'ai beaucoup apprécié ce portrait de femme, une star adulée, vigilante mais plutôt sure de son pouvoir, qui essuie une défaite, et même deux  - face à une jeune rivale aux dents longues, mais aussi à son assistante, Valentine, magistralement interprétée par Kristen Stewart.  

Le film s'ouvre par une scène extrêmement réussie qui pose le ton, le rythme, les rapports humains et emporte le spectateur dans le même train que Maria Enders, une actrice d'environ 40 ans (Juliette Binoche), et son assistante Valentine. Maria va recueillir un prix destiné à un grand metteur en scène, Wilhem Melchior - elle doit écrire le discours, elle hésite sur la conduite à tenir. tout en règlant les détails très matériels de son divorce. On découvre une femme humaine, d'une autorité calme face à Valentine, une vedette courtisée mais consciente de ses responsabilités. En même temps, elle se soumet sans révolte à une course contre la montre - pas le temps de discuter avec l'avocat, parce que la nouvelle du décès lui est brutalement imposée, pas le temps de se recueillir,parce qu'un photographe l'attend pour une campagne  Chanel. Comme une ombre qui gesticulerait  encore plus vite, Valentine jongle avec blackberry, smartphone, tablette, réseaux sociaux, tweeter, organise les plannings, fournit le contexte qui éclaire l'actualité, l'aiguille vers tel  photographe ou tel metteur en scène dont elle perçoit un talent qui mettrait Maria en valeur.

Et puis le film bascule: Maria accepte de rejouer la pièce qui l'a rendue célèbre, non plus dans le rôle de la jeune collaboratrice sans scrupule qui phagocyte la présidente de sa société mais dans le rôle de la femme plus âgée qui se laisse piéger. Evidemment on pense à Sunset Boulevard, A Star is born, et toutes ces oeuvres où la roue tourne, broyant la star vieillissante pour laisser place à la jeunesse triomphante. Ici l'intrigue est cependant plus subtile.

Le véritable ennemi de Maria n'est pas son âge, mais le filtre que son égocentrisme drape sur le reste du monde, l'hypertrophie de son narcissime. Elle se laisse piéger par des flatteries par exemple. Elle tourne en dérision les analyses de Valentine, avec un humour pourtant sans méchanceté foncière mais qui finit par humilier la jeune femme. Maria perd la haute main; c'est elle qui suit sa rivale en courant, la star des tabloid qui fuit les paparazzi avec une ambiguité à la complaisance nauséabonde. Elle ne maîtrise pas non plus les nouveaux codes, ne sait pas jouer avec les réseaux sociaux, devient "intemporelle", comme l'explique presque tendrement un nouveau réalisateur.

En même temps, l'âge est bien là, et bravo à Juliette Binoche qui ne triche pas et se montre au naturel. Bravo aussi à Olivier Assayas d'avoir situé une grande partie du film sur un versant de la vallée de Sils Maria, dans les Alpes. Là encore peut-être un décor assez convenu finalement, comme en témoignent ces prises de vue très "cartes postales" qui enferment Maria et Valentine dans un huis-clos oppressant.

La mélancolie gagne progressivement Maria, tout comme le serpent de nuages envahit la vallée.. Mais le film explose aussi de moments jubilatoires - l'extrait du film de science-fiction et la conversation qui suit au bar, par exemple. Il apporte aussi une vision intéressante des people, et d'un milieu d'intellectuels en vogue. Son intrigue s'enrichit de multiples échos: il y a deux secrets, par exemple, des questions de vie et de mort dont le traitement étayent discrètement l'intrigue...

Mais je suis intarissable... C'est vrai, j'ai aimé.

 

 

Publicité
Commentaires
Publicité