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L'escabelle
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21 juin 2009

Les Enfants du Démon

Les Enfants du Démon est une pièce de Bela Pinter, dramaturge, acteur et metteur en scène hongrois, montée à Nancy à l'occasion du festival Passages.
Double, même triple dépaysement en arrivant au théâtre: la pièce est en hongrois surtitrée en français, et l’intrigue se déroule au Japon – ou tout au moins dans un Japon parodique qui déclenche une activité intellectuelle assez frénétique. D'abord, se débarrasser du préjugé que le propos de la pièce est une analyse critique de la société hongroise, même si tout au long de la représentation, la version originale m'a constamment ramenée au questionnement de sa perception culturelle: comment un Hongrois critiquant la société japonaise est-il compris en Hongrie, par rapport à ce qui est transmis à un public français? Ensuite essayer de trouver le fil, ou de démêler les fils d'une intrigue qui nous surprend à chaque minute: les personnages masculins joués par des femmes et réciproquement, le style ampoulé à la japonaise mêlé de chutes de registre ou de décalages inattendus ("oui, ma fleur de cerisier, je te retrouverai lorsque le ciel à l'aube voilée mouillera de bleu les sommets enneigés des Vosges" , la gestuelle tirée des films d'arts martiaux ou inspirée des mangas, le minimalisme de certains symboles (comprendre que le petit sapin déodorisant tenu à bout de bras symbolise la voiture) et en même temps, voir se dégager les grands mouvements d'une espèce de tragédie mythologique où les individus sont déchirés par les relations d'amour, de jalousie, de pouvoir. Les valeurs traditionnelles du Japon moderne ne sont pas étrangères au déroulement de l'intrigue, qui s'inspire du Nô, scandée par des musiciens installés au fond de la scène, mais disparaissent finalement derrière une humanité mise à nu.

Une heure dix sans répit, un vrai bonheur.

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Commentaires
V
Oui, moi aussi, j'adore le théâtre, surtout quand on est suffisamment près de la scène pour ressentir physiquement la présence des acteurs.<br /> De Pinter, je ne connaissais qu'Harold... et pas Bela. Je ne sais pas s'il est connu par ailleurs, mais j'espère qu'il trouvera un public en France.
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V
Tu me fais me souvenir d'une expérience déjà ancienne d'une pièce de Tadeus Kantor en polonais (sous-titrée, quand même...): même sidération initiale et même enthousiasme final... c'est peut-être ça l'universalité d'un grand texte ou plutôt la force d'une mise en scène susceptible de parler à tous par delà les différences culturelles... Vive le théâtre !
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